La galerie a le plaisir de vous présenter la première exposition personnelle de LUDO à Lille.
«Électron libre» : Ludovic Vernhet l’a toujours été, refusant et rejetant toute classification sclérosante, même s’il est aujourd’hui identifié comme un acteur incontournable de l’art urbain. Une liberté revendiquée à travers le titre de l’exposition, et qui questionne. Est-ce un concept tangible ? Quels en sont les contours ? Électron libre, l’oeuvre éponyme, donne quelques indices de réponse : un papillon, accroché à son cocon, est entravé par un barbelé aux pointes acérées et soulignées par le «vert Ludo», comme on surlignerait d’un trait fluo les mots importants d’un texte. Éros, représenté en putto néoclassique, est quant à lui affublé d’une menotte en guise de collier, d’où pend une chaîne lourde exhibant son nom en caractères majuscules. L’ange semble abasourdi de l’absurdité de son sort, tel Sisyphe avec son rocher. En tant qu’artiste, Ludovic Vernhet peut-il se dégager du champ gravitationnel aimantant inéluctablement l’électron à son atome – la tradition ? Il a décidé en tout cas de s’y inscrire par le choix des techniques : la mine de plomb, le fusain et la peinture à l’huile pour ses toiles et, grande première dans son travail, le bronze, matériau noble par excellence qui institutionnalise son homme. Une façon de trouver un équilibre entre ses interventions éphémères dans la rue et une création en atelier qui vise à la pérennité. Mais rappelons que pour lui l’art est un laboratoire, où le mot d’ordre est l’expérimentation. Alors, ne l’enfermons pas…
La nature cyborg a pris le pouvoir
L’histoire de l’art fait peser une sacrée responsabilité sur son pinceau quant au choix du sujet à représenter. C’est pourquoi Ludovic Vernhet prend le temps de la réflexion pour composer des images fortes, chargées de sens, et dont l’esthétique, la symbolique et le style sont une signature en soi. Elles sont également des oxymores, troublantes au premier regard par la douce violence qui s’en dégage et par la beauté agressive qui nous séduit. Autant d’éléments narratifs illustrant non pas une dystopie, mais une «ludotopie» : une projection et une critique de notre société, où l’homme, à force de s’être pris pour un apprenti sorcier, n’a plus sa place. Le monde est peuplé d’êtres hybrides que l’artiste a armés, d’une nature cyborg qui a pris le pouvoir. Le nouvel ordre est mutant, ce qu’incarne cet insecte dont la tête ailée appartient à une sculpture antique de l’ancien monde. Il y a cependant une rupture dans cette série : «Je ne veux plus parler de la mort comme dans mes vanités, je nourris une réflexion sur l’élévation, l’au-delà, quelque chose de positif.»